jeudi 26 mars 2015

Noces d'étain

La Rochefoucauld écrivait dans ses Maximes et réflexions diverses,

"Quelles personnes auraient commencé de s'aimer 
si elles s'étaient vues d'abord comme on se voit dans la suite des années ?"

Et si on inversait la maxime, à la manière de Camille Laurens,

"Mais quelles personnes aussi se pourraient séparer, 
si elles se revoyaient comme on s'est vu la première fois ?"

Le manteau est celui de ma mère, acheté à Londres pendant les années 60, c'est celui qu'elle portait le jour de son arrivée au Canada. Je l'ai porté le jour de mon mariage, histoire de renouer avec le poème des "Quatre quelque chose" - la vieille comptine anglo-saxonne pour jeunes mariées : "Something old (continuité), something new (optimisme), something borrowed (fertilité), something blue (protection contre le mauvais oeil) and a silver sixpence in her shoe (fortune et bonne chance)". [Quelque chose de vieux, quelque chose de neuf, quelque chose d'emprunté, quelque chose de bleu et une pièce d'argent de six pence dans sa chaussure.]

Tout ça s'inscrit dans un macro-discours sur l'objet en tant que manifestation physique de nos idiosyncrasies individuelles, de nos manières d'interpréter le monde, des valeurs de notre environnement social au sens large, de notre héritage culturel, de nos sensibilités humaines. Le vêtement manifeste le désir de nous différencier d'un corps social nommé et la volonté de nous identifier à ce même corps. Le vêtement comme tapis roulant de sens qui noue des liens entre nous, les autres, la société, entre les émotions du passé et celles du présent.

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